L’impression

Cette invention, selon le mot de Louis XII qui « semble estre plus divine que humaine », a atteint dès l’origine, presque d’emblée, un degré de perfection qu’elle n’a jamais dépassé. Nulle part mieux qu’en France cet art s’est autant perfectionné depuis que Gutenberg eut l’idée de séparer les caractères, de les placer dans la forme en alignant des mots, d’encrer le tout et de tirer sur papier une épreuve de la composition ainsi obtenue. « Si les Allemands ont eu la gloire d’avoir inventé l’imprimerie, écrit André Chevillier (1636-1700), de l’avoir pratiquée les premiers, les Français ont eu celle de s’être distingués dans cet art, et de l’avoir porté jusqu’au point de sa dernière perfection. »

Le caractère d’imprimerie le plus usité est le caractère romain. Chaque imprimerie possède son type de lettres romaines. Nous avons eu ainsi du romain DidotRaçonLahureMamePlon etc.

Bon nombre d’ouvrages tels que des recueils de poésie, des études d’histoire ont été imprimés en elzevier, type de caractères créé à Paris en 1540, par le graveur français Claude Garamond et employé par les célèbres imprimeurs de Leyde. L’aspect archaïque de ces caractères s’harmonise bien avec les sujets anciens et les scènes du Moyen Âge.

A titre indicatif, rappelons que le caractère penché de droite à gauche, appelé italique, portait jadis le nom de lettres vénitiennes parce que les premiers poinçons ont été fabriqués à Venise.

Outre le romain, l’elzevier, l’italique, il existe d’autres caractères dits l’allongée ou capillaire, l’alsacienne ou écrasée, l’antique, la classique, l’égyptienne, l’italienne, la latine, la normande… l’anglaise, la ronde, la gothique, la coulée etc.

Certes, aujourd’hui les typographes sont malheureusement en voie de disparition, pour des raisons liées au développement des techniques et aux considérations économiques. La photocomposition a pris le relais depuis longtemps avant de céder le pas au numérique.

Plus que tout autre, l’art typographique a été exposé à l’évolution humaine, et à ses erreurs. Pour la petite histoire, rappelons que la perfection, de toute manière, n’est pas de ce monde, et qu’il n’existe aucun ouvrage typographiquement parfait. Ainsi le Virgile mi-folio imprimé au Louvre par Pierre Didot en 1798, réputé « chef-d’œuvre de la typographie française » contient un « j » dont le point manque : il s’est détaché à la pression…